Fibromyalgie et épisiotomie

Fibromyalgie et épisiotomie

Mme X , 35 ans, vient en consultation douleur chronique pour une syndrome douloureux diffus étiqueter fibromyalgie depuis plusieurs années.

Antécédents :

  • Chirurgicaux :
    • Amygdalectomie dans l’enfance
    • Dents de sagesse à l’adolescence
    • curetage il y a 13 ans
    • 2 enfants (10 ans et 8 ans), épisiotomie pour le premier accouchement
  • Médicaux :
    • Rectocolite hémorragique depuis 2013
    • On ne retrouve pas de notion de traumatisme physique ou psychique particulier à l’interrogatoire

Traitement actuel :

  • Pentasa, 1 par jour (pour sa pathologie digestive)
  • Izalgi, entre 6 et 8 par jour (paracetamol et poudre d’opium)
  • duloxetine 60 mg, 1 par jour (antidépresseur)
  • seresta 10 mg , 3 par jour (anxiolytique)

Histoire de la maladie :

Apparition il y a 6 ans de douleur du bassin rapidement extensive sur les membres inférieurs avec sensation de brulure. Puis progressivement extension de la douleur vers le haut avec au final apparition d’un syndrome douloureux diffus associé à des troubles du sommeil, une fatigabilité extrême rendant la vie du quotidien difficile.
La patiente décrit également une dyspareunie(douleur au rapport) modérée.
La patiente est en arrêt de travail depuis plusieurs années. La mise en place d’une activité de soutien professionnelle de 6 heures par semaine est difficile. Toute activité étant épuisante et nécessitant un repos prolongé dans les suites.
La douleur est ressentie comme intense (EVA 7/10)

Examen clinique :

On retrouve :

  • Une hyperesthésie cutanée diffuse
  • Des douleurs musculaires intenses prédominant notamment au niveau des petits fessiers, des grands dorsaux, des infra-épineux, des sternocléidomastoïdiens. Les douleurs musculaires sont asymétriques avec un côté gauche plus sensible.
  • Le reste de l’examen est normal

Examens paracliniques normaux

Prise en charge :

Devant la normalité des examens, l’absence de traumatisme, notamment psychologique, et devant la présence d’une dyspareunie, il est décidé de vérifier avec un gynécologue sa cicatrice d’épisiotomie.
A l’examen on retrouve une cicatrice d’épisiotomie de plusieurs centimètres. Sa palpation entraine des douleurs neuropathiques (décharge électrique, coup de poignard). Le traitement de sa cicatrice entraine, dans la minute qui suit, une disparition des douleurs du bassin et des membres inférieurs, persistent les douleurs de la partie haute (dos, épaules et tête).
La patiente est revue le lendemain par l’infirmière de la consultation douleur et décrit une disparition complète de ces symptômes douloureux.

Discussion :

Dans certains cas , il existe un lien entre des traumatismes obstétricaux et la fibromyalgie avec, souvent, un décalage de plusieurs années entre le traumatisme et l’apparition des douleurs diffuses.
Le mécanisme probable est tout d’abord l’existence d’une neuropathie cicatricielle. Dans le temps cette neuropathie envoie des informations nociceptives vers le système nerveux central entrainant de manière extensive son hypersensibilisation et l’apparition des douleurs diffuses.
Ce cas clinique n’est pas isolé. On note dans notre structure une fréquence de 20% de césarienne et 20 % d’épisiotomie chez les patients fibromyalgiques.

 

 

Douleurs chroniques